vendredi 25 juillet 2008

Cyclistes aspirant à société équitable cherchent rupture désespérément

En matière écologique et sociale, la politique déployée depuis mai 2007 paraît timorée et cosmétique. Si le grenelle de la communication environnementale a permis de conférer une légitimité certaine à des icônes nationales comme Nicolas Hulot en matière de green washing les réalisations concrètes demeurent indigentes. Bon, c'est vrai, maintenant on pense tous à fermer le robinet pendant qu'on se lave les dents...

Dérailleur grippé, changement de braquet impossible ?

Les faits évoquent plutôt une prolongation des tendances préexistantes, sans jamais sortir du registre « foutage de gueule ». Depuis l'utilisation peu raisonnée de l'aéroplane pour leurs déplacements officiels – notre bon Premier ministre a jugé nécessaire de se rendre à l'inauguration de la nouvelle ligne TGV Est... en avion – jusqu'au conseil de notre ministre de l'économie de recourir au covoiturage, non pour contribuer à endiguer l'effet de serre, mais bien pour faire face à l'augmentation du prix des carburants, les exemples ne manquent pas.

Il serait néanmoins tout aussi hypocrite de la part de nos dirigeants de nous intimer de partager notre voiture pour sauver la planète alors que les nouveaux projets de centrales nucléaires sont mis en route sur fond de multiplication des fuites d'uranium. Le covoiturage, digne d'être encouragé, n'est bien entendu pas en cause ici, mais il est clair que les mesures écologiques structurelles font pâle figure jusqu'à présent.

Égaux devant le rêve, seuls face au cauchemar

importance en termes d'enjeux globaux, mais ilLe comportement de chacun a certes son contribue surtout à définir le système qui viendra ensuite contraindre l'individu dans sa vie quotidienne. Ainsi la rurbanisation et la périurbanisation, décriées ici comme ailleurs pour leurs conséquences prévisibles, ont-elles logiquement aggravé la dépendance de la société occidentale vis-à-vis de l'automobile tout en rendant plus difficile le retour à une agriculture non industrielle. Le piège de cette conception du confort risque aujourd'hui de se refermer implacablement sur ceux qui, au cours des dernières décennies, ont cédé aux puissantes sirènes des Bouygues et autres pavillonneurs sans disposer des moyens d'acquérir en proximité immédiate des villes centres. Les résidants des beaux quartiers d'Avrillé (première couronne d'Angers) pourront venir parader en centre ville grâce au Tramway ou sur leur joli Fatboy G-String Raw à 2 000 euros. Cela coûtera un peu plus de sueur aux habitants des villages situés à plus de 20 km, précisément ceux sur le territoire desquels les lotissements se sont multipliés au cours des dernières décennies.

Anticiper, on s'y met ?

La crise actuelle était prévisible voilà déjà 40 ans, et les choix opérés depuis lors ont largement contribué à son avènement. Par le tout auto, c'était certes la liberté de déplacement que l'on offrait à la grande masse des travailleurs solvables des trente glorieuses, tout heureuse de son nouveau statut de consommateur, mais c'était également la mobilité des biens, des services et des travailleurs que l'on favorisait, pour le plus grand profit du capital.

Sans s'attarder sur le passé, il est possible de s'interroger sur les solutions à déployer face aux difficultés qui se profilent à l'horizon. Différentes approches peuvent probablement se concevoir, qui nous projetteraient dans autant d'avenirs distincts. N'est-ce pas sur ce point que les citoyens auraient leur mot à dire ? N'est-ce pas là l'avis exprimé par les militants antinucléaires lorsqu'ils relèvent que le choix de construire aujourd'hui de nouvelles centrales, sans parler du coût immédiatement associé, limite la marge de manœuvre politique de demain ?

Le déplacement, nécessité sociale et individuelle

Se déplacer en ville, pour rejoindre la ville, pour son travail, pour partir en vacances, autant de nécessités contraignantes. La bicyclette occupera une place importante, si ce n'est prépondérante, au sein des solutions à imaginer et à déployer. Toutes celles imaginables ne se valent pas pour autant.

Devant impérativement réduire la quantité de CO² émis dans l'atmosphère, les gouvernements occidentaux favorisent – comme c'est étrange – les solutions les plus compatibles avec le maintien d'une société structurellement productrice d'inégalités. Taxer lourdement les véhicules les plus polluants après avoir encouragé des modes de vie dépendants de l'automobile sonnera comme une blague amère pour les ménages modestes, qui ne comptent pourtant pas nécessairement au nombre des détracteurs les plus virulents de l'économie de marché. C'est pourtant bien pour ceux qui n'auront d'autre choix que de supporter ces nouvelles charges que la plaisanterie sera la plus cruelle.

Le gouvernement entend obliger les méchants chômeurs à accepter les emplois raisonnablement situés à moins de 30 km de trajet de leur domicile. Bon courage à ceux qui n'ont pas de voiture, qui devront prévoir quelques heures de trajet quotidien. Le sport, c'est bon pour la santé, le vélo, c'est écolo, mais tout de même...

Le bon fonctionnement de notre société suppose la mobilité. Comment en assumer le coût ?
Favorable à la socialisation équitable de cette charge, Vélo2Ville consacrera quelques articles à la question, largement débattue par ailleurs – voir notamment le site du Réseau pour l'Abolition des Transports Payants, de la « gratuité ».

Piste a priori prometteuse en matière de progrès social, les réalités multiples que cette expression peut recouvrir ne sont-elles cependant pas également susceptibles de dissimuler un redoutable cheval de Troie des chantres du green washing ?

A suivre...

image: www.freeimages.co.uk'

Aucun commentaire: