jeudi 31 juillet 2008

Le monde évolue, mais que faut-il pour qu’il change ?

Bientôt les voies automobiles les plus urbaines seront investies par les deux-roues non motorisés. Comme le montre cette vidéo, ce mouvement a débuté aux Etats-Unis.



La société automobile a atteint ses limites, mais la voiture individuelle est-elle le seul élément à remettre en question ?

A Angers, les voies sur berge sont aujourd’hui soulagées de l’essentiel du trafic qu’elles accueillaient naguère, désormais redirigé vers une bretelle autoroutière flambant neuve.

Nul doute que la mairie se félicitera prochainement de voir cet axe réapproprié par des cyclistes… mais cela devrait-il pour autant susciter l’enthousiasme ? Il ne s’agira pas nécessairement d’une avancée vers une société plus juste, même si la ville sera plus agréable pour ceux qui y vivent, cyclistes compris.

L’argument de la « qualité de vie » est le cheval de bataille des architectes d’une société dissimulant sa sévérité sous des atours agréables pour les citoyens les mieux intégrés et les moins rétifs aux changements en cours : peines planchers qui justifieront bientôt de nouvelles prisons en même temps qu’une surveillance accrue de l’activité sociale et intellectuelle des individus, recul des libertés individuelles, précarisation des plus faibles et expulsions massives d’immigrés, autant d’évolutions, pour n’en citer que quelques-unes, concomitantes de la « prise de conscience écologique », si favorable à l'utilisation de la bicyclette, actuellement en cours.

La mutation de nos villes tend à rendre ces durcissements imperceptibles pour ceux qui n’en font pas les frais.

Est-ce pour cela que nous pédalons ?

Les Etats-Unis viennent d’adopter une "loi" régularisant les écoutes illégales pratiquées depuis plusieurs années avec la complicité des opérateurs privés de télécommunication. En Europe, le « paquet télécom », qui favoriserait la surveillance de l’activité de tous les internautes sera soumise au vote des députés le 22 septembre prochain.

Pour tous ceux, cyclistes ou non, qui préfèrent le respect des droits de l'homme et la liberté à la peur et à la défiance organisée, rendez-vous est donné le 11 octobre 2008.

mercredi 30 juillet 2008

La citation du mois

Merveilleuse transparence de la bicyclette...

«La bicyclette fut peut-être la dernière invention compréhensible par n'importe qui à l'oeil nu. Merveilleuse transparence de la bicyclette, venant après l'évidence de la brouette, la simplicité du tonneau, la franchise du cabestan, la naïveté du vistemboire ! Après, nous entrâmes dans l'ombre. Il m'est souvent arrivé de penser que l'étendue globale de mes connaissances faisait de moi un homme du XVIIIe siècle, pas davantage. Et encore. Diderot, une fois qu'il eut fini de relire les épreuves de l'Encyclopédie, devait déjà être un peu plus ferré. C'est notre paradoxe, depuis la fin du XIXe siècle, que de vivre de plus en plus ignorants dans un monde de plus en plus savant. Dans le même temps où les sciences de la nature obscurcissaient l'univers préexistant (car la connaissance de l'ADN n'explique quelque chose qu'à ceux qui comprennent l'ADN; la science éclaire surtout le scientifique), les sciences appliquées et la technique saturaient le réel d'artefacts et de gadgets qui nous amenèrent peu à peu à la condition d'idiots émerveillés.»

François Taillandier
source : "Vers l'homme futur" - L'humanité

vendredi 25 juillet 2008

Cyclistes aspirant à société équitable cherchent rupture désespérément

En matière écologique et sociale, la politique déployée depuis mai 2007 paraît timorée et cosmétique. Si le grenelle de la communication environnementale a permis de conférer une légitimité certaine à des icônes nationales comme Nicolas Hulot en matière de green washing les réalisations concrètes demeurent indigentes. Bon, c'est vrai, maintenant on pense tous à fermer le robinet pendant qu'on se lave les dents...

Dérailleur grippé, changement de braquet impossible ?

Les faits évoquent plutôt une prolongation des tendances préexistantes, sans jamais sortir du registre « foutage de gueule ». Depuis l'utilisation peu raisonnée de l'aéroplane pour leurs déplacements officiels – notre bon Premier ministre a jugé nécessaire de se rendre à l'inauguration de la nouvelle ligne TGV Est... en avion – jusqu'au conseil de notre ministre de l'économie de recourir au covoiturage, non pour contribuer à endiguer l'effet de serre, mais bien pour faire face à l'augmentation du prix des carburants, les exemples ne manquent pas.

Il serait néanmoins tout aussi hypocrite de la part de nos dirigeants de nous intimer de partager notre voiture pour sauver la planète alors que les nouveaux projets de centrales nucléaires sont mis en route sur fond de multiplication des fuites d'uranium. Le covoiturage, digne d'être encouragé, n'est bien entendu pas en cause ici, mais il est clair que les mesures écologiques structurelles font pâle figure jusqu'à présent.

Égaux devant le rêve, seuls face au cauchemar

importance en termes d'enjeux globaux, mais ilLe comportement de chacun a certes son contribue surtout à définir le système qui viendra ensuite contraindre l'individu dans sa vie quotidienne. Ainsi la rurbanisation et la périurbanisation, décriées ici comme ailleurs pour leurs conséquences prévisibles, ont-elles logiquement aggravé la dépendance de la société occidentale vis-à-vis de l'automobile tout en rendant plus difficile le retour à une agriculture non industrielle. Le piège de cette conception du confort risque aujourd'hui de se refermer implacablement sur ceux qui, au cours des dernières décennies, ont cédé aux puissantes sirènes des Bouygues et autres pavillonneurs sans disposer des moyens d'acquérir en proximité immédiate des villes centres. Les résidants des beaux quartiers d'Avrillé (première couronne d'Angers) pourront venir parader en centre ville grâce au Tramway ou sur leur joli Fatboy G-String Raw à 2 000 euros. Cela coûtera un peu plus de sueur aux habitants des villages situés à plus de 20 km, précisément ceux sur le territoire desquels les lotissements se sont multipliés au cours des dernières décennies.

Anticiper, on s'y met ?

La crise actuelle était prévisible voilà déjà 40 ans, et les choix opérés depuis lors ont largement contribué à son avènement. Par le tout auto, c'était certes la liberté de déplacement que l'on offrait à la grande masse des travailleurs solvables des trente glorieuses, tout heureuse de son nouveau statut de consommateur, mais c'était également la mobilité des biens, des services et des travailleurs que l'on favorisait, pour le plus grand profit du capital.

Sans s'attarder sur le passé, il est possible de s'interroger sur les solutions à déployer face aux difficultés qui se profilent à l'horizon. Différentes approches peuvent probablement se concevoir, qui nous projetteraient dans autant d'avenirs distincts. N'est-ce pas sur ce point que les citoyens auraient leur mot à dire ? N'est-ce pas là l'avis exprimé par les militants antinucléaires lorsqu'ils relèvent que le choix de construire aujourd'hui de nouvelles centrales, sans parler du coût immédiatement associé, limite la marge de manœuvre politique de demain ?

Le déplacement, nécessité sociale et individuelle

Se déplacer en ville, pour rejoindre la ville, pour son travail, pour partir en vacances, autant de nécessités contraignantes. La bicyclette occupera une place importante, si ce n'est prépondérante, au sein des solutions à imaginer et à déployer. Toutes celles imaginables ne se valent pas pour autant.

Devant impérativement réduire la quantité de CO² émis dans l'atmosphère, les gouvernements occidentaux favorisent – comme c'est étrange – les solutions les plus compatibles avec le maintien d'une société structurellement productrice d'inégalités. Taxer lourdement les véhicules les plus polluants après avoir encouragé des modes de vie dépendants de l'automobile sonnera comme une blague amère pour les ménages modestes, qui ne comptent pourtant pas nécessairement au nombre des détracteurs les plus virulents de l'économie de marché. C'est pourtant bien pour ceux qui n'auront d'autre choix que de supporter ces nouvelles charges que la plaisanterie sera la plus cruelle.

Le gouvernement entend obliger les méchants chômeurs à accepter les emplois raisonnablement situés à moins de 30 km de trajet de leur domicile. Bon courage à ceux qui n'ont pas de voiture, qui devront prévoir quelques heures de trajet quotidien. Le sport, c'est bon pour la santé, le vélo, c'est écolo, mais tout de même...

Le bon fonctionnement de notre société suppose la mobilité. Comment en assumer le coût ?
Favorable à la socialisation équitable de cette charge, Vélo2Ville consacrera quelques articles à la question, largement débattue par ailleurs – voir notamment le site du Réseau pour l'Abolition des Transports Payants, de la « gratuité ».

Piste a priori prometteuse en matière de progrès social, les réalités multiples que cette expression peut recouvrir ne sont-elles cependant pas également susceptibles de dissimuler un redoutable cheval de Troie des chantres du green washing ?

A suivre...

image: www.freeimages.co.uk'

samedi 12 juillet 2008

Tout de même...


...c'est fou ce qu'on peut faire avec un vélo sans frein et sans roue libre. Gaffe aux ratiches ceci dit.

Macaframa Productions

jeudi 10 juillet 2008

Méfions-nous des évidences

Avez-vous vu, dernièrement, les bicyclettes se multiplier ?

Il n’est pas question ici de s’en offusquer, tant nous avons pu appeler cette évolution de nos vœux. Il est clair qu’il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit. Comme nous vous l’avions indiqué, en France, pour la première fois de l’histoire post-industrielle, les ventes d’automobiles ont récemment manifesté le début d’un déclin, au même titre que le nombre de kms parcourus. Evènement totalement inédit, ce mouvement gagne également les Etats-Unis, autrement compromis dans une civilisation et un urbanisme « tout auto ».

Il semblerait qu’avec un pétrole flirtant avec les 150 $ le baril, le crash civilisationnel ne soit plus éloigné.

Mais alors plus du tout.

Et ensuite ?

Certes, nous ne nous retrouvons pas dans le modèle de société actuel, aujourd’hui voué à une remise en question brutale et profonde, mais devons-nous pour autant nous abstenir de réfléchir à la suite ?

Les prix de l’énergie, comme de tout ce qui en dépend – les produits alimentaires figurent au premier rang de cette liste – sont appelés à grimper encore davantage. Probablement deviendront-ils rapidement insupportables pour une bonne partie de la population mondiale, celle des pays développés comprise.

La question qui se pose est donc la suivante:

Comment les individus feront-ils face à la crise systémique déjà en cours ? Restaureront-ils l’empathie comme principe directeur ou laisseront-ils consacrer une société davantage individualiste, violente et inhumaine ?

Rappelons ici que la crise des subprimes, que nos médias européens ne couvrent qu’avec une timidité de violette compte tenu de sa gravité, est directement liée au renchérissement du précieux combustible.

Rappelons que les conflits pour le contrôle des ressources énergétiques n’appartiennent plus, depuis plusieurs années, au domaine de l’anticipation et qu’ils sont appelés à se multiplier.

Rappelons enfin que le système financier dérégulé – esprit même de la mondialisation actuelle, est directement impliqué dans le déroulement de cette crise. Comme le prédisaient certaines banques en 2005, le libre jeu de la spéculation promet de porter les prix d’une ressource aussi indispensable au fonctionnement du monde que nous connaissons à des sommets encore inconnus (le baril pourrait atteindre 300 $ d’ici quelques années).

Nombre d’éléments laissent entrevoir un retour du protectionnisme, un repli des civilisations sur elles-mêmes. En un mot, un avenir où les ressorts les plus décriés du néo-libéralisme seraient battus en brèche.

Mais au profit de quoi ?

Dans une société devenue aussi individualiste que la nôtre, quelle sera la réaction spontanée de tous ces ego laissés à eux-mêmes face à un modèle consumériste impossible à maintenir ? Notre modèle de société, loin de proposer une alternative, n’a fait qu’encourager la fuite dans le matériel face à l’anxiété existentielle qui frappe toute forme de vie consciente d’elle-même et de sa finitude.

Chassez le naturel, il revient au galop

Nous pouvons prédire que le réveil, déjà amorcé, sera difficile pour la plupart d’entre nous, peut-être même pour chacun d’entre nous. En effet, la conscience des difficultés à venir ne sera qu’une maigre consolation pour les oiseaux de mauvais augure, habitués à être mis à l’index par la majorité conforme et bien-pensante, lorsque personne ne pourra plus compter sur les grandes surfaces pour s'approvisionner en nourriture.

Et si la dictature écologique qui se profile à l’horizon, focalisant la vindicte sur les comportements individuels en taisant le déterminisme social à l’œuvre, ne devait être qu’une étape supplémentaire dans la division des forces de résistance, condition du parachèvement de l’emprise du système ?

Soudainement culpabilisés et laissés à eux-mêmes, les rurbains, bientôt privés d’emploi, déchus de leurs rêves de réussite conforme et promis à des difficultés matérielles aussi inédites qu’insurmontables, ne risquent-ils pas – la psychologie humaine étant ainsi faite – d’adopter une posture défensive, par définition agressive ?

Au contraire, ceux caractérisés de longue date par une sensibilité écologique affirmée – décroissants, détracteurs du développement durable de tous poils – ne seront-ils pas tentés d’endosser les nouveaux habits d’excommunicateurs qui leurs seront probablement proposés ?

Tous victimes d’une même réalité, même si certains auront d’avantage profité des largesses du système, devrions-nous passivement accepter un avenir où nous nous entredéchirerions ? Repliés sur nous-mêmes, devrions-nous nous-mêmes donner le coup de grâce à un concept d’intérêt général, de bien commun, déjà moribond ? L’ego est-il promis à la victoire sur l’humanité ? Qui, alors, gagnerait au change ?

« Gouverner, c’est prévoir »

Les puissants actuellement aux affaires l’ont toujours su. Peu de chances qu’ils l’aient oublié.

Si notre désir est de nous réapproprier ce pouvoir et l’avenir qui va avec, nous devons également faire œuvre prospective et surtout éviter de nous laisser diriger par nos affects, de tirer des conclusions dictées par l’instant.

Aux rurbains de comprendre leurs erreurs et de réfléchir au moyen de les corriger, d’adapter dès maintenant leur mode de vie sans honte ni rancœur. Les saisies immobilières risquent de gagner nos contrées. Peut-être cette large frange de la population pourrait-elle préfèrer faire œuvre collective, se donner les moyens d’habiter pleinement son cadre de vie tout en en supprimant la dimension pendulaire plutôt que de s’arc-bouter sur un individualisme qui la voue à la déchéance si ce n’est au caniveau ?

Et si, en un opportunisme opportun, tous ces esprits conformistes et conformes, se découvrant une âme de Che, envoyaient bouler pêle-mêle boulots, trajets quotidiens et remboursements d'emprunts à taux variables ? Et s'ils réinventaient les piqueteros, les mettant à la sauce suburb occidental, attendant de pied ferme les uniformes chargés de les expulser en affirmant :
"Nous ne bougerons pas, nous ne paierons pas ! Que les banquiers et le système financier aillent au diable, nous allons nous prendre en main. Nous binerons nos pelouses et écroulerons les deux tiers des maisons. Nous réinventerons le village et l'agriculture vivrière pour nous préparer à accueillir les hordes d'urbains fuyant des villes désormais invivables (sans parler des réfugiés climatiques)" ?
On peut rêver, mais j'en connais qui n'en mèneraient pas large.


Aux activistes écologistes, dans le même temps de se raisonner. Qu’ils n’oublient pas la raison première de leur prise de conscience, de leur engagement : Fut-il en temps utile le seul clairvoyant, quel intérêt aurait l’humaniste à exécuter une sentence contre l’humanité ? Certes, les lotissements ont rogné les surfaces agricoles et naturelles, dopant au passage ventes de voitures, comportements irresponsables et états d'esprit douteux, mais au moins sont-ils déjà possédés par le peuple. Que gagneront les idéologies alternatives à voir toutes ces surfaces accaparées par ceux qui sont déjà de grands propriétaires ? Là encore, rêvons que ces espaces deviennent un océan sur lequel reconstruire le collectif.

Nous sommes tous l’imbécile de quelqu’un. Qu’aurions-nous à gagner à laisser libre cours à la haine, à la revanche ?

Surtout, que risquerions-nous de perdre dans l’opération ?

Le pardon est le privilège des forts, et l’espoir se cultive autant qu’il peut dépérir.

Bon, je veux pas dire pour autant qu'il faudrait pardonner toutes les formes d'entêtement, hein, faudrait pas pousser non plus. Mais face aux difficultés, toutes les bonnes volontés - sincères - seraient bonnes à prendre, non ?

lundi 7 juillet 2008

Bike Punks - Fanzine

"Le fanzine est un journal libre, parfois clandestin (une large majorité d'entre eux n'a pas de dépôt légal), publié sous l'égide du Do it yourself , souvent spécialisé, créé et réalisé de manière désintéressée par et pour quelques passionnés.
On se le procure dans quelques librairies, disquaires spécialisés, lycées, universités, salles de concerts indépendantes, ou par le bouche-à-oreille."
Voici un extrait tiré d'un fanzine formé de trois photocopies A4 repliées, composé d'une BD et d'un assemblage-collage de textes, poèmes et d'images. Trouvé sur le comptoir de L'Etincelle, l'auteur serait un lillois de passage à Angers. Celui-ci a eu la bonne idée de laisser trainer quelques exemplaires de ce fanzine imprégné de liberté.
Bonne route à l'auteur.



mercredi 2 juillet 2008

Angers mon village


L'engrenage frustration - consommation à crédit - prospérité factice que l'on nous vend comme du bonheur n'est pas encore parvenu à déshumaniser tous les individus. Imaginez-vous ? Certains ont dans la tête de faire perdurer des valeurs ancestrales telles que la convivialité, l'entraide et la simplicité !


Rencontrer son prochain, redécouvrir la ville autrement, développer une vie sociale de proximité grâce à la pratique du vélo urbain, bref faire de cette culture émergente une victoire contre l'indifférence à la solitude urbaine et à la déshumanisation qui l'accompagne, voilà l'occasion qui vous est donnée samedi. Rendez-vous, comme chaque mois, à 15h, Place du Ralliement.