mercredi 17 octobre 2007

Le déclin de l'automobile a-t-il commencé ?


Notre société de surconsommation comptait jusqu'à présent peu d'individus prêts à ne serait-ce que limiter l’utilisation de leur véhicule automobile. Celui-ci demeure en effet largement symbole de liberté individuelle. Et pour cause, notre autonomie passe par la possibilité de nous rendre où notre envie nous porte, quelle que soit la distance et quels que soient les horaires des transports en commun, par trop populaires. Peu importe les embouteillages sur l’autoroute des vacances ou sur le périphérique, nous nous contentions habituellement de pester et jurer une fois bloqués dedans.

Il n’est donc pas surprenant que le parc automobile ait augmenté constamment en volume. Il n’est pas plus illogique, mais en revanche beaucoup plus surprenant, de constater que le kilométrage moyen par véhicule baisse pour sa part de manière constante.

Personne n’ignore désormais plus la hausse des cours des matières premières et surtout du père de notre civilisation industrielle : le pétrole. Ces hausses se répercutent sur les prix à la consommation. Ceci était prévisible et annoncé de longue date par certaines voix, demeurées longtemps peu audibles, mais il semble qu'enfin les comportements individuels commencent à accuser le coup de cette progression des prix, qui aura réussi là où la sensibilisation écologique aura échoué.

Malgré cette hausse en effet, le budget moyen consacré par les français à l’automobile demeure stable, ce qui permet à Insee Première d’affirmer ici que ce budget s’adapte aux prix des carburants, tout comme les prix des équipements s'adaptent à l'évolution des dépenses des particuliers mais c'est une autre histoire. Toujours est-il que le nombre de kilomètres parcourus a BAISSÉ en 2005. Encore quelques dizaines d’euros le baril et c’en sera terminé de la suprématie automobile et peut-être de l’urbanisme complaisant.

Nous pouvons raisonnablement rêver d’assister à la révolution cycliste, mais est-ce si simple ?

Ne faut-il pas plutôt craindre les conséquences d’un tel bouleversement qui ne s’accompagnera probablement pas d’une refondation de l’organisation de notre société ? La voiture ne se trouvera-t-elle pas renforcé dans son statut de signe extérieur de richesse, de symbole d’appartenance à la société efficace, productive et socialement légitime une fois que seules les populations solvables – et donc intégrées au monde si sélectif du travail stable – pourront encore prétendre se rendre librement où elles le désirent ?

L’inaccessibilité du déplacement automobile emporte-t-elle rupture avec le modèle actuel, qui érige la capacité de consommation comme jauge indépassable de la valeur des vies ? Je crains que non, mais n’hésitez pas à me faire connaître votre point de vue sur le sujet.

Et puis bon, ne boudons pas notre plaisir. La bagnole recule ; c’est parti pour durer et se renforcer : Hip Hip Hip...


6 commentaires:

Anonyme a dit…

Effectivement, à l'approche du baril à 100 dollars, on peut se réjouir et il y'a de quoi être conforté dans les prévisions que les lanceurs d'alertes faisaient. Même si on prend comme prétexte dans les médias diverses tensions ici ou là, on est pas dupe: les réserves diminuent belle et bien...certains disent même que nous sommes arrivés au pic d'extraction du pétrole et que la demande devrait dépasser l'offre!
Maintenant toute la question est: comment notre société droguée va elle s'organiser? Et il est vrai qu'étant donné le niveau d'addiction à la BAGNOLE, le chaos (tel une gigantesque bande de toxicomanes en manque) est à envisager.
A surveiller de prêt aussi le développement des mal-nommés "bio-carburants" dont les conséquences humaines et sur la biodiversité s'annoncent redoutables...
Et bien sûr toujours le lobby nucléaire qui ne manque pas de faux arguements pour nous vendre sa merde.
Mais au fait, l'uranium, ça ne serait pas une ressource en voie d'épuisement aussi?

Anonyme a dit…

(c'était Dam's)

Anonyme a dit…

salut
je préfère ne pas être trop optimiste et garder la tête sur le guidon. Je roule à Angers depuis quelques années maintenant, à vélo et je n'ai jamais vu autant de bagnoles dans les rues, que ce soit aux heures de pointe où un dimanche à 15 heures.
même si la fin du pétrole s'annonce, ce ne sera malheureusement pas avant des décennies. d'ici là, les bons vieux consommateurs que sont les automobilistes préféreront crever la dalle et manger du mcdo pas cher plutôt que de faire 5 km à vélo....suffit de faire un sondage
mais bon, je suis ok sur un point: le déclin s'annonce....

Anonyme a dit…

Nos craintes sont justifiées. Si révolution cycliste il y a, celle risque d'être libérale. Je vous invite à lire cet article. La ministre de l'économie est franche : le prix de transport augmente, et bien débrouillez-vous ! Cette augmentation du pétrole, on l'attend, afin d'ouvrir la voie aux energies renouvelables et aux transports alternatifs. Mais tout ça doit être accompagné d'un renforcement des transports publics. J'ai beau relire, je ne vois rien de tel dans l'article.
Dans 10 ans, le monde aura radicalement changé et rien n'est fait pour que l'on y arrive sereinement...

Yo

Anonyme a dit…

La décroissance est inévitable, mais sera-t-elle socialement juste ? Si les progressistes ne s’emparent pas rapidement de la question, le capitalisme, avec son extraordinaire capacité de récupération, le fera et uniquement au profit des privilégiés (revoyez ce film prophétique, "Soleil Vert").

source :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1427

Anonyme a dit…

Le prix du pétrole ne baissera pas au cours des prochaines années, au contraire. Car la production de pétrole atteint un plafond et commencera à diminuer à très court terme avant de s'évanouir peu à peu.

Mais pas de pétrole : pas de voitures ni de camions car il n'y a pas de solution alternative qui tienne la route (si l'on peut dire).